Triste espoir que l'on a enterré, l'avenir est sombre, plus sombre encore que le jour présent.
Je suis homme blanc, jeune, éduqué, je me plais à me penser intelligent aussi. Et pourtant, plus d'espoir. La moindre parcelle en a été broyée par ces chiens. Le moindre bout de ciel, opacifié. Parfois, je pense à des folies, que je pourrais commettre par désespoir. Je pense à sortir du cadre, à cause de la colère, de la haine et du désespoir qui m'animent. Ce désespoir rend le monde plus dangereux.
Et pourtant, j'ai tous les attributs d'une vie équilibrée. J'ai cette chance, d'être né un peu par hasard, avec ce qu'il faut dans le monde d'aujourd'hui pour ne pas devenir fou.
Maintenant, je pense aux pauvres, aux immigrés, aux réfugiés, aux réprimés, aux oubliés de la République. Ceux qui, les mêmes que moi, manquent de cet espoir qu'ont tué les politiques mais qui, à l'inverse de moi, ne sont pourvus de rien ou de si peu, d'aucune arme dans ce monde devenu fou.
Que feront-ils, ces gens, demain ? Qui attaqueront-ils ? Deviendront-ils braqueurs dans le meilleur des cas, ou me blesseront-ils, me tueront-ils moi ou mes plus proches ?
Ou bien encore, existent-ils déjà ? Et s'ils s'appelaient Coulibaly, Merah, Kouachi ?
Manuel Valls pense « qu'expliquer, c'est déjà un peu excuser ». Aujourd'hui, il parle inconsciemment, mais demain il aura du sang sur les mains, comme avant lui Sarkozy. Alors je pense à lui, et je lève mon majeur bien haut.