Superbe réponse à l'absence de femmes dans la liste des nominés pour le Grand Prix du salon FIBD. Tout y est.
Je colle ici pour les allérgiques à Facebook :
« J'avais une idée d'article détaillé sur cette absence aberrante du moindre nom féminin dans la liste des nominés au Grand Prix du FIBD, mais je suis surchargée de travail, ce qui est sans doute une bonne chose puisque ça va m'épargner quelques pics de tension.
Donc, on va faire court :
- Personne ne demande une parité stricte (Environ 12% d'auteures dans le milieu. On n'est pas complètement abrutis), ni même de quotas.
- Oui, il y a un bon choix d'auteures influentes de la génération de certains des nominés (rien qu'en manga, sérieux...).
- Non, il ne faut pas juste "attendre que la société évolue". La société a déjà évolué et les instances dirigeantes de bien des domaines ne lui correspondent pas, c'est bien le problème.
- Je ne condamne pas des hommes inconscients de leurs "privilèges". Nous le sommes tous plus ou moins, ou l'avons été. Je trouve par contre fondamental que des personnes leurs fassent remarquer leurs biais.
- Relever la présence de discriminations et les corriger consciemment n'est pas du "favoritisme". Le favoritisme, c'est ce qui les a créées.
- La décision de Riad Sattouf force le respect (voire l'admiration), mais je ne peux m'empêcher de constater que "les hommes féministes" sont jugés classes, mais les "femmes féministes" sont jugées emmerdeuses.
- OUI, cette sélection est aussi 100% blanche et asiatique. Je ne sais pas quel est le pourcentage d'auteurs noirs dans la bd (il m'a l'air très faible en France-Belgique mais je peux me tromper), ni, parmi eux, lesquels sont parvenus à avoir suffisamment d'influence pour mériter un Grand Prix, mais le fait est que le FIBD commence seulement à mériter son "I" et il devrait mettre en lumière TOUTE la bande dessinée. Je vous rappelle que, l'année dernière encore, des gens déploraient la présence d'auteurs de mangas dans la sélection. Si des collectifs d'auteurs africains ont des idées pour améliorer cette situation, je suis bien certaine que des tas d'auteurs femmes les soutiendront, individuellement ou au nom de leur collectif. Mais là, tout de suite, c'est pas le cas, donc merci de vouloir sauver le monde mais commençons par aider ceux qui se battent contre un problème au lieu de leur dire de fermer leurs gueules parce qu'ils ne sont pas les seuls à en avoir, merci bien.
- Oui, les auteurs ont d'autres soucis, à commencer par une réforme inique de leur régime de retraite et, surtout et plus complexe, leurs revenus de plus en plus bas. La bonne nouvelle, c'est que parler de l'absence de femmes dans la sélection n'empêche pas d'aborder celui-ci. La mauvaise, c'est que si on arrête de parler de l'absence de femmes, ça va finir par se voir que le gros de vos actions pour "les auteurs en général" consiste à râler sur Facebook. Alors ne nous en voulez pas de multiplier les luttes. Remerciez-nous plutôt de jeter un voile sur votre passivité (Et si je me trompe à votre sujet, je vous rappelle que le SNAC recrute, hein, les amis. Les actions musclées, coordonnées et exhaustives, ça ne se monte pas en 15 jours entre 10 pigeons bénévoles).
Sur ce, pardonnez mon départ, je m'en vais augmenter le pourcentage de "bouquins de femmes" à paraître en 2016. »
via : https://twitter.com/Bouletcorp/status/684714213575651328