Impeccable article sur Mediapart, à propos du Brexit. Impeccable, parce qu'expliquant rapidement et simplement la formation du non à l'Union Européenne, en dénonçant ce qui ne marche pas, et en ouvrant une lueur d'espoir pour demain.
C'est juste… brillant. Je ne pense pas lire d'autre analyse aussi intéressante ailleurs.
Désolé Mediapart, mais je vole quelques grands extraits :
Il y a d’abord cette évidence. Les citoyens européens ne veulent plus de cette Union européenne. Il y a tout juste un an, les Grecs se prononçaient par référendum massivement contre la politique économique que voulaient leur imposer les instances européennes. Il y a trois mois, le 6 avril, les Néerlandais disaient non à cette Union européenne, en rejetant par référendum le projet de partenariat avec l’Ukraine. Il y a onze ans, en 2005, les Français rejetaient par référendum le projet de traité constitutionnel.
En douze mois, un « référendum de gauche » (en Grèce) et un « référendum de droite extrême » (au Royaume-Uni) sont venus balayer cette Union européenne. On peut réagir comme le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, quand il s’adressa au ministre grec Varoufakis lors d’une réunion de l’Eurogroupe : « Il n’est pas question de changer les traités européens à chaque élection ! » On peut se ranger à cet incroyable avertissement lancé par Jean-Claude Juncker, aujourd’hui président de la commission européenne : « Un vote ne peut pas aller contre les traités ». On peut gloser sur l'inconscience et l'irresponsabilité de ces citoyens et classes populaires qui envoient au tapis nos brillants technocrates adeptes du « There is no alternative »...
C’est ce qu’ont fait avec constance les dirigeants européens depuis 2005, en ignorant les résultats des scrutins et référendums, voire en exigeant un nouveau vote quand le premier ne leur convenait pas (ce fut le cas en Irlande). Pour passer outre au non français de 2005, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel concoctèrent le petit traité de Lisbonne, reprenant le pire du projet de traité constitutionnel. Et François Hollande, qui avait fait sa campagne de 2012 en promettant une « renégociation » musclée, s’inclina aussitôt élu.
Et pour la conclusion :
Ce vieux monde d’une Union européenne confisquée, sourde aux aspirations des citoyens, aveugle aux nouveaux enjeux planétaires, impuissante à régler les crises, inféodée aux puissances financières, se meurt. Faut-il à tout coup s’en désespérer ?