Très bon article, nécessaire, d'Edwy Plenel, citant, et s'appuyant à de nombreuses reprises sur Albert Camus.
Camus était d’une génération brutalement déniaisée par les tragédies vécues – crimes, guerres, massacres, etc. Il n’a cessé de penser le présent en ayant en surplomb cette lucidité exprimée par David Rousset, de retour de l’univers concentrationnaire, en 1946 : « Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible. » Tout est possible, y compris le pire de l’homme, négation de sa propre humanité. Maintenant que nous l’apprenons à notre tour, d’expérience concrète, douloureuse forcément, durable certainement, il nous faut entendre son avertissement. Nécessaire, le pessimisme lucide sur les dangers qui nous menacent ne saurait être une excuse pour céder aux passions tristes des propagandes et des idéologies, de leurs aveuglements ou de leurs ignorances.
Un véritable appel à remettre en question le journalisme, à l'heure des crises actuelles. Pour informer, pour éclairer.
Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde, disait-[Albert Camus]. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.
Bref, ça m'a aussi donné l'envie de lire Camus.