Bon, je sais que ça commence à saouler tout le monde la politique et les prises de paroles des un et des autres, mais il est toujours bon d'écouter Christiane Taubira, surtout dans ces moments.
P.S : quel horrible site de merde…
Comme il n'y a pas assez de Taubira ni sur ce blog, ni ailleurs, j'en rajoute une couche. Mais une belle et saine colère face au sentiment "d'humiliation" [dixit Emmanuel Macron] dont auraient été victimes (lol) les gens de la manif pour tous.
Elle parle toujours avec le cœur, ça résonne en moi.
(J'ai vu l'interview en entier, c'était pas mal)
Je me permets de coller ça ici (notamment pour les allergiques à Facebook). J'espère que le consentement est implicite. C'est la réaction de Christiane Taubira sur la présidence Trump. C'est à lire, une fois de plus.
Du danger de l’ignorance
Le pire serait de nous y habituer. Parce que chacun de ses actes, chacune de ses éructations digitales, de ses vociférations plus courtes encore, ‘’The world is a mess’’, tout ce tintamarre à syllabes avares, ne font qu’épaissir le trait de son caractère grossier, de ses lubies, de ce mode de gouvernement sans pensée, tout ce fatras mental que nous avait déjà révélé sa campagne.
Ignorance. Il veut faire payer par le Japon les charges de la base américaine d’Okinawa. Déjà fait. Il veut remettre en question l’accord du Pacifique. Avantage à la Chine. Il bégaie sur Taiwan, avance puis recule sur la Crimée, radote sur le Mexique, allume des braises nouvelles au Moyen-Orient. Il semble ne pas situer l’Afrique, tant mieux peut-être, on pense à ce président sénégalais qui disait ‘la chance de mon pays c’est que nous n’avons pas de pétrole’’. Il récuse le piratage informatique, fasciné par une brutalité plus tranchée que la sienne. Il veut casser Obamacare, et tant pis pour ses électeurs qui bénéficient depuis peu d’une couverture sociale. Il imagine les sciences en Bureau de propagande. Réfute le changement climatique. Trépigne contre les immigrés, convulsionne contre les musulmans. Asséner des absurdités ne les a jamais rendues moins aberrantes.
Ruminations primitives, ‘’torture absolutely works’’. Et il veut repeupler Guantanamo. D’incurables obsessions le travaillent : il lui faut contrôler le corps des femmes. Décret anti-avortement. Il a un biotope et le reproduit à la Maison blanche : cette frange de millionnaires et milliardaires familiers de Wall street, rétifs à toute réglementation, très volontaristes sur l’esquive fiscale, accumulateurs compulsifs, totalement indifférents à la vie en société en dehors des clubs select.
Immaturités persistantes. Mâle dominant. Obnubilé par une chimérique Great America, celle du Ku Klux Klan, esclavagiste, ségrégationniste, sexiste, raciste, xénophobe. Hanté par la férocité de la téléréalité. Miné par une paranoïa des médias.
Nous pouvons toujours nous réjouir de la décision prise cette nuit à l’unanimité par la Cour d’Appel de San Francisco qui a maintenu la suspension de ce grotesque et funeste décret Muslim ban, indéfendable. Les trois juges ont motivé leur décision par la nécessité de ‘’protéger l’intérêt général’’ contre une administration ‘’qui n’a pas démontré le risque de graves atteintes à la sécurité nationale’’. Il y a sans doute là un signe de courage moral et de préséance du droit, malgré les menaces et invectives.Nous pouvons aussi compter sur les contre-pouvoirs, bien qu’ils soient plutôt réduits au Congrès à pratiquer l’obstruction provisoire ; qu’ils soient assez muselés institutionnellement, malgré quelques actes symboliques et signifiants accomplis par des figures démocrates comme John Lewis, ou le sursaut des sénatrices républicaines Lisa Murkowski et Susan Collins. Nous pouvons tabler sur la conscience et la résistance de ministres intérimaires, comme Sally Yates et de hauts fonctionnaires comme Daniel Ragsdale. Nous pouvons escompter une parole et une action libres de magistrats ; nous consoler avec la société civile qui retrouve le goût du pavé. Tout cela peut advenir et advient déjà. Nous savons que ces femmes et ces hommes portent l’honneur de tous ceux qui savent que l’Amérique est grande lorsqu’elle est démocratique et conviviale, plutôt que peureuse, injuste et vulgaire. Rien de cela n’atténue les risques inhérents à la maîtrise de l’appareil d’Etat par un président inconséquent, et à sa confiscation par une caste de magnats qui n’ont que la compétence d’un égoïsme lucrativement performant et la légitimité des courtisans.
Ne comptons pas sur ses excès et ses contradictions, ni pour faire réfléchir ceux qui l’ont porté au pouvoir, même s’il n’a pas gagné le suffrage universel, ni pour refroidir ceux qui, ici et en Europe, veulent se perdre et nous perdre dans les vicissitudes que préparent des démagogues dits populistes. Car ce n’est pas un duel entre la déraison et la raison, il n’est pas question de rationalité, de cohérence, de justice, de pertinence, mais de colère, de rage, de frustrations, d’une volonté de revanche et d’un fort désir de destruction. Et tant pis si la terre brûle. Négligents ou impuissants, nous répondons de l’état du monde. Nous ne serons donc jamais innocents de laisser le monde entre leurs mains. Ils le défont sous nos yeux, y injectent plus de périls qu’il n’en porte déjà.
C’est bien ce qui se tisse, de fil en fil. Le pire serait de nous y habituer.Christiane Taubira
Le bilan de Taubira n'est pas énorme, mais il s'explique. Comme je le disais en partie hier.
Extraits.
« Pour tous ces beaux messieurs, vous étiez « le laxisme personnifié ». C’est le seul argument qu’ils ont, un slogan de type publicitaire plutôt qu’un argument d’ailleurs. Et ils se fichent de savoir ce qu’ils en est dans la réalité. Ils ne sont même pas capables de cliquer sur le site Internet du ministère pour regarder les courbes d’évolution du nombre de personnes condamnées et du nombre de personnes détenues, qui ont continué à augmenter de 2012 à 2015. Regardez, même le petit Guillaume Larrivé, porte-parole de l’ex UMP, vous a qualifié de « pire ministre de la justice de la Vème République ». Faut lui pardonner, il est jeune, il n’a pas connu madame Dati... »
« vous avez été en permanence contrôlée, stoppée dans votre élan, critiquée et censurée par le président de la République et par les chefs des gouvernements auxquels vous avez appartenus. […] Vos proches semblaient redouter bien moins les critiques médiatiques de votre opposition parlementaire que la censure discrète de vos propres chefs, par le biais de leurs cabinets où des personnes surveillaient de très près vos faits et gestes »
Cette fureur qui s'est abattue sur Christiane Taubira, en décohérence totale de la réalité des faits, dans le mensonge le plus honteux, ne peut être le signe que d'autres symptômes qu'une simple bataille politique. Elle est le signe d'un racisme prononcé, qui se dissimule mais ne sait se cacher. Racisme contre son sexe, racisme contre sa peau.
Il y a pourtant des reproches à lui faire, je l'entends bien. Mais user de tels arguments de mépris ne révèle qu'une chose : l'incompétence des personnes les proférant.
Je ne parle pas de leur ignorance, que je ne pourrais que présumer, je parle bien d'incompétence : il existe bien d'autres moyens pour envoyer des coups bas, c'est même chose facile. En arriver à ce point est le signe que même pour le dénigrement, ces gens sont mauvais.
via : https://twitter.com/Maitre_Eolas/status/692352933246140416
Putain, c'que j'l'ai hais ces hommes politiques. Surtout ce genre-là. Surtout lui.
via : https://twitter.com/MaitreMo/status/589088232123543552
Christiane Taubira. Qui parle toujours si bien, et rappelle ici les concepts fondamentaux.
Il y a derrière ça, un pragmatisme bandant.
Mouarf, l'éclate.
Christiane Taubira dément avoir été tenue au courant de l'avancée des écoutes de Sarkozy. Pour preuvre, elle exhibe rapidement deux lettres à la tribune.
Sauf que.
Sauf qu'à l'heure des appareils ultra-rapides et en HD, on voit que les documents disent exactement le contraire : elle était régulièrement informée des évolutions de l'enquête…
P0wnd !
(et quelle déception, j'avoue)